Nous constatons :
a) Ces inondations ne sont ni les premières ni les dernières dans la région.
b) Nos ancêtres nous en avaient prévenue.
c) L’ensemble des intervenants (administration et citoyens), ont bien compris leur erreurs de construire ou de permettre de la faire dans la partie inondable de l’oued.
d) Aucun seuil maximum de population n’a été fixé pour l’ensemble des villes sinistrées (la démographie et l’immigration).
e) Le morcellement les terrains continu a se faire.
f) La ville de Ghardaïa souffre d’étouffement pratiquement, par manque cruel de terrain à bâtir.
Aussi :
2. Préserver autant ce peut les palmeraies.
3. Ne pas se précipiter dans la reconstruction, en particulier dans les zones exposées aux inondations et trouver des solutions viables et durables pour l’aménagement des vallées dans le court, moyen et le long terme.
4. Délimitation des zones inondables non-constructibles des oueds des villes sinistrées, avec les notables et les experts locaux (Laoumna) et promulguer les lois dans ce sens.
5. Identification et délimitation réelle de la zone inondable et éviter ainsi la reconstruction anarchique dans les zones inondables des Oueds, car les constructions qui y resteront sont et seront une menace permanente pour la vie des citoyens de la région.
6. Reconstruire les équipements inondés là où ils ne le seront plus, dans leurs limites géographiques en consultation les architectes, les spécialistes et les institutions organisationnelles de la société.
7. Faire économiser l’Etat et les citoyens en adoptant des solutions durables en lieu et places d’actions conjoncturelles (Faire adopter et généraliser la formule d’aide au loyer pour l‘hébergement des sinistrés au lieu de la construction des chalets non adaptés au mode de vie des habitants de la région).
8. Faire participer les notables et les "laoumna" (les experts locaux d’architecture, d’urbanismes et de l’hydraulique) qui ont cumulés un savoir historique et coutumiers, une compétence ancestrale dans la gestion du territoire et le traitement des situations semblables.
9. Mettre en places des commissions de suivie de toutes les opérations avec les institutions sociales existantes dans le M’zab à savoir les notables et les laoumna de toutes les villes sinistrées.
10. Prendre en charges les nouvelles données découlant des dernières inondations, pendant la révision des PDAU de ces villes (implantation des équipements, plan de transport et déplacement des citoyens, plan d’intervention, plan sécuritaire).
11. Préserver le système hydraulique qui a permis d’exploiter ces crues au profit de l’irrigation et autres besoins et modérer leurs puissances. C’est un système complexe comprenant à l’amont des réseaux de dérivations de plusieurs oueds qui convergent, des manœuvres synchronisées de fermeture et d’ouverture des vannes de partage, des galeries souterraines, des conduites de distribution. Laoumna ont réalisés des aménagements qui permettent le transport des sédiments fertiles et de les répartir sur les surfaces cultivées de telle sorte à ne provoquer ni d’intenses activités de l’érosion à l’amont des palmeraies ni de laisser le sol appauvri en matières organiques à l’aval. L’aménageur doit faire en sorte de garder l’équilibre écologique de cet écosystème en pérennisant les processus d’infiltration qui permettent l’irrigation permanente des dattiers.
12. Mettre à jour l’étude de protection de la vallée du M’zab contre les crues, suite aux nouvelles données, afin d’exploiter ces crues au profit de l’irrigation et autres besoins et modérer leurs puissances, avec la programmation et la réalisation des retenues de retardement en amonts bien étudiées et sécurisés dans le future, en utilisant les mêmes principes et techniques du génie hydraulique de nos ancêtres. L’emplacement des digues ainsi que leur dimensionnement doit prendre en compte tous les paramètres climatiques, hydrologiques et hydrogéologiques du site.
13. Il ne faut pas oublier que l’Oued M’zab présente un patrimoine d’effort humain en matière d’aménagement et qu’il faut impérativement préserver. Tous les intervenants qui vont procéder à l’aménagement de la vallée du M’zab, doivent trouver un compromis entre ; préserver les vies humaines et assurer la durabilité du patrimoine hydraulique qui cumulent sept siècles d’expérience et de savoir-faire pratique. Il faut que les intervenants, en plus du savoir technique doivent cumuler une grande expérience dans la connaissance du M’zab.
14. L’application et le respect des instruments d’urbanisme PDAU et POS.
15. Veiller à l’application stricte des lois d’architecture de patrimoine et d’urbanisme et de culture (Décret législatif n° 94-07, Loi 90-29 et Loi 98-04)
16. L’installation immédiate et réglementaire du « comité d'architecture, d'urbanisme et de l'environnement bâti de la Wilaya de Ghardaïa». Application de l’article 36 (Décret législatif n° 94-07 du 7 Dhou El Hidja 1414 correspondant au 18 mai 1994 relatif aux conditions de la production architecturale et à l'exercice de la profession d'architecte et le Décret exécutif n° 95-370 du 22 Joumada Ethania 1416 correspondant au 15 novembre 1995 fixant l'organisation et le fonctionnement du comité d'architecture, d'urbanisme et de l'environnement bâti de wilaya)
17. L’établissement de cahiers de prescriptions particulières pour la protection et la prévention du patrimoine architectural de Ghardaïa. Application de l’article 05 (Décret législatif n° 94-07 du 7 Dhou El Hidja 1414 correspondant au 18 mai 1994 relatif aux conditions de la production architecturale et à l'exercice de la profession d'architecte)
18. Faire participer les architectes pour l'insertion des ouvrages d’art dans leur milieu environnant. Application de l’article 04 (Décret législatif n° 94-07 du 7 Dhou El Hidja 1414 correspondant au 18 mai 1994 relatif aux conditions de la production architecturale et à l'exercice de la profession d'architecte)
19. Poursuivre le processus urbanistique et les principes d’urbanismes de nos ancêtres par la création de petit nouveaux ksour contemporains (à l’époque l’unité de mesure urbaine est l’âne, actuellement c’est la voiture), composés chacun par deux périmètres (urbains et agricoles) avec fixation d’un seuil maxima de population, dotés d’équipements nécessaires (écoles, CEM, centres de santé, antennes administratives, équipements sportifs et culturels … etc.) avec la participation des architectes et des promoteurs locaux.
20. Eviter l’étouffement de la ville par la programmation de nouvelles zones résidentielles qui accentuer la pollution de l'environnement et l'élimination de l’espace oasien.
21. Afin de préserver la palmeraie, anticiper et proposer aux citoyens un multiple choix pour l’acquisition ou la construction de leur future habitation en leur offrant plusieurs formules :
a) Logements sociaux locatifs.
b) Logements LSP viabilisés avec l’aide de l’état.
c) Parcelles de terrains à bâtir (entre 150 et 200 m²) avec l’aide de l’état (viabilisation et AAP).
d) Parcelles de terrains à bâtir promotionnels (entre 250 et 400 m²) viabilisés avec l’aide de l’état.
e) Parcelles de terrains à bâtir promotionnels (entre 250 et 400 m²) avec parcelles agricoles (entre 2000 et 5000 m²) viabilisés par les promoteurs.
22. Promouvoir l’utilisation des matériaux de construction locaux.
23. L’Orientation et l’encadrement des opérations de rénovation et de réhabilitation de tissus urbains existant s’avèrent très nécessaire.
24. Eviter la création improvisée des nouvelles cités dortoirs (Oued Nechou par exemple) destinés à la décharge publique des programmes de logements sociaux illicites (non respect des POS !).
25. Pour une bonne gestion des sites de grandes valeurs architecturales et urbanistiques classés patrimoine de l’humanité, un soin particulier doit être envisagé pour le choix des cadres et responsables des services techniques basé sur la compétence et la qualification.
26. Eviter la marginalisation et l’exclusion et accorder une attention particulière aux architectes, aux urbanistes, aux ingénieurs et aux techniciens locaux.
27. L’habitation au M’zab ne peut pas être résumée en un F3 ou un F4 mais plutôt une demeure introvertie qui reflète le mode de vie de son occupant, autour d’un patio avec des espaces pratiques, d’activités, d’échanges et de communication comme Tizefri, Taskift, Tigharghart, Ikoumar, Tikhoubei, Tamadmourt, … etc.
28. Suite à la réussite des nouveaux ksour contemporains sous la formule de LSP (Ksour : Tinemmirine, Tafilelet, Tawanza, Agherm, Tinaam … etc.), encourager, promouvoir et généraliser cette expérience comme une alternative complémentaires aux logements OPGI ou AADL.
Kacem ELDJOUN
Architecte
Vice-président du Conseil
National de l’Ordre des Architectes
Président du Conseil Local de l’Ordre
des Architectes de la région de Ghardaïa